Le journal des vins de Octobre 2013 : Alsace : le crémant belle locomotive
Journal des vins de Octobre 2013 :
Région : Alsace | Appellation : Crémant d'Alsace | Parution : 01 octobre 2013 | Auteur : Thierry Perardelle |
La splendide route des vins réserve de jolies rencontres autour de savoureuses bulles. Bienvenue au pays du crémant sans complexe, pour de grands plaisirs à prix doux.
Même sans la provoquer, la référence aux champagnes revient toujours sur les autres terroirs à bulles… Non pas qu’il faille comparer (chacun ses terroirs, cépages, atouts, histoires…) mais simplement parce que beaucoup d’oenologues ont « fait leurs classes » ou sont issus de la Marne. Cet aparté fait, revenons aux bulles alsaciennes qu’une grande maison crée et promeut avec talent et passion : Bestheim (Bennwihr).
6 millions de col (500.000 il y a 15 ans…) et cette ligne de conduite rappelée par le maître de chai (et champenois) Christophe Adam : « Produire des vins plutôt secs, ni édulcorés ni maquillés, toujours frais ». La dégustation tient-elle ces promesses ? Oui, incontestablement, avec une autre force de cette grand maison : le remarquable rapport qualité-prix-plaisir. L’entrée de gamme (BSA, 24 mois sur lattes, assemblage pinots blanc et auxerrois) confirme « l’acidité comme fil conducteur » dont parle également Thierry Binder, oenologue responsable du site. Ce crémant libère des notes toastées et briochées, l’ensemble étant porté par une solide fraîcheur et jouissant d’une finale longue et d’une certaine suavité.
Le 100 % chardonnay (36 mois sur lattes) se tient droit, agréable sur ses arômes beurrés, briochés et de fruits blancs. Le 100 % pinot noir (vielles vignes, petits rendements, base 2008) séduit par sa fraîcheur et sa longueur tendue. Le 100 % pinot blanc 2006 (36 mois sur lattes), élégant et fin, présente une intéressante évolution et des notes de framboises très mûres. L’expressive cuvée Prestige (pinot blanc, base 2006, terroir tardif et calcaire) exhale des notes de café, noisette et moka… avec toujours ce style Bestheim : fraîcheur, bulles fines et équilibre. Ici les bulles « blanches » naissent sans fermentation malolactique. Un régal.
Les cuvées sont vendues au caveau à partir de 7 euros (tarifs 2012 lors de la dégustation).
CHEZ LE PIONNIER DOPFF AU MOULIN
Tiens, étranges ces bouteilles de champagne millésime 1903, exposées dans le joli caveau de Dopff au Moulin. Nous sommes à Riquewihr et point de provocation bien sûr, mais le seul désir de rappeler qu’ici aussi, avant la naissance de l’AOC Champagne, les vins clairs étaient estampillés « champagne d’Alsace » (région alors allemande). Et que l’arrière-grand-père Julien Dopff, notamment stagiaire chez Mercier dans les années 1900, conserve le statut de pionnier dans l’arrivée des bulles en Alsace. « Notre AOC, jeune car née en 1976, est partie de rien, rappelle Etienne-Arnaud Dopff, de cette Maison qui exploite 70 ha dont 25 destinés au crémant, dont nous privilégions toujours le côté neutre et sec. » Le style maison étant aussi reconnu par la fraîcheur : « Nos vins sont vinifiés sans malo depuis 1994 ».
Les sept cuvées de la gamme, dont raffolent Français et étrangers (surtout les Suédois), s’affirment références, avec notamment la cuvée hommage « Julien » équilibrée et savoureuse à l’apéritif, le brut sans année (pinots blanc et auxerrois) vif et gourmand ; le 100 % pinot noir 2009 plus gras et vineux (parfums de fruits secs) ; le Wild Brut 2009, un 100 % pinot blanc brioché, non dosé (2 grammes résiduels), nature et long en bouche ; ou le Brut rosé (base 2009) plein et fruité, belle expression du pinot noir.
Cuvées vendues au caveau à partir de 8,45 euros (tarifs 2012 lors de la dégustation)
CUVÉES DE PRESTIGE POUR SENSATIONS FORTES
Les crémants d’Alsace s’affichent aussi de prestige et millésimés, avec des cuvées à faible production, sur les meilleurs terroirs à petits rendements, vendues entre 11 et 15 euros (tarifs 2012). Citons le Rosé Lucien Albrecht (Orschwihr) livrant un nez framboisé, une bouche nette, vive et gourmande; la Grande Cuvée 2007 Cattin Frères (Voegtlinshoffen) aux notes de café et brioche, forte d’une bouche fraîche et droite sur des arômes de fruits secs… qui ravira les amateurs de bulles évoluées alliant vinosité et belle acidité.
Egalement, la cuvée Prestige de Bestheim (Bennwihr) fine et briochée, équilibrée et d’une remarquable longueur citronnée; le flacon Bartholdi Maison Dopff au Moulin (Riquewihr) souple, fruité et gouleyant; le rosé Domaine Gruss (Eguisheim) finement épicé et d’une belle longueur ; les bulles bio et brut du Domaine Albert Mann (Wettolsheim) aériennes et élégantes (huîtres et fruits de mer bienvenus !) ; la cuvée 1904 Arthur Metz dont la gourmandise séduira le plus grand nombre; Emotion d’Edgard Schaller et Fils (Mittelwihr) pour des sensations « extra-brut » (dosage à 3,5 g) portées par l’élégance et l’équilibre.
La liste des plaisirs version crémants haut de gamme est longue, comprenant encore la cuvée Confidence de la Cave vinicole de
Turckheim, délicieusement fraîche, longue et sur le fruit blanc ; le Prestige de Wolfberger (Eguisheim) ample et dense, très long sur une finale tendue, et qui prouve que l’on sait aussi en Alsace « être gros et faire du bon ! »
TALENTUEUX MONOCÉPAGES
L’Alsace sait aussi innover et promouvoir ses cépages. Voici quelques coups de coeur : le 100 % pinot blanc de Dirringer (Dambach-la-Ville) assemblage de 2005 et 2006, proposé après 48 mois sur lattes : un crémant original, très expressif, promis à une belle garde ; le 100 % riesling du Domaine Dussourt (Scherwiller), une base 2008 issue d’un terroir d’alluvions et de granit, vieillie 30 mois sur lattes, savoureuse et joliment fruitée dans sa jeunesse (et bien évidement sans les arômes « pétrolés » si chers au vieux riesling mais que les bulles ne toléreraient pas); le 100 % pinot gris 2008 de la Cave de Pfaffenheim, dense et plein, dont il faut saleur l’initiative ; le Blanc de Noirs Al Baur (Voegtlinshoffen) alliant fraîcheur, équilibre et consistance sur des notes délicates de framboise et de mûre.
PHOTO : La famille Dopff à Riquewihr, pionnière dans l’arrivée des bulles en Alsace.
Article proposé par Thierry Perardelle
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